Le 3ème jour de l’œuvre de Dieu

La terre desséchée, les mers, les semences, les arbres, les fruits.

Le 3ème jour, coupole de la Genèse. Basilique de Saint-Marc, Venise (XIII siècle). Les semences qui deviennent des arbres qui portent du fruit figurent le chemin spirituel de l’être humain qui a trouvé la bonne eau de l’amour à laquelle s’abreuver. Ainsi, puisant à cette source, ce qui est semé en lui commence à porter du fruit, selon les oeuvres qu’il accomplit.

Au troisième jour de la création, la troisième étape vers l’amour, vers la foi, Dieu nous aide à passer des ténèbres à la lumière, encore une fois. D’un côté la terre desséchée, de l’autres les mers agitées et salées. Sur cette terre Dieu fera pousser des semences, qui deviendront des arbres, qui porteront du fruit.
Voyons de quelle réalité spirituelle il est ici question, quelle étape nouvelle, quel défi pour la foi.
Voici que la terre qui n’est pas irriguée par l’eau d’en-haut se dessèche, elle est aride, désertique. C’est l’être humain qui ne regarde pas vers Dieu, qui est détourné de la source de la vie, perdu au désert.
Son esprit est agité comme les mers, en tumulte, il ne peut pas se diriger vers les eaux tranquilles, vers le port, il est à la merci des vagues. Il ne peut s’abreuver à la seule source de vie, l’amour de Dieu et du prochain.
Alors, Dieu vient au secours, de l’humanité perdue au désert, il prendra soin de cette terre, de sa vigne, de ses arbres, comme un vigneron, comme un jardinier. Il vient arroser, redresser, sarcler, faire porter du fruit. Beaucoup de paraboles nous parlent de ce Dieu semeur, jardinier, vigneron qui continue de répandre sa parole sur la terre comme une semence. À nous de l’accueillir, tout simplement, à nous de faire confiance, lui, il s’occupera de la croissance et du fruit. À nous d’étendre nos racines vers la source de vie, vers l’amour de Dieu et du prochain. Jésus nous rappelle: « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui s’attache à son âme la perd ; qui ne prend pas en considération son âme en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » (Jean 12, 23-25). C’est lui d’abord qui est venu sur cette terre, est descendu de la croix au tombeau et a porté du fruit. Il nous a montré la route vers la source de la vie car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime, c’est ainsi que nous aussi nous pouvons découvrir la plus grande joie dans le don de notre vie, dans le bonheur de notre prochain. Dans le récit de la Genèse, c’est par la parole de Dieu que la terre aride reçoit une semence, pousse et porte du fruit. Dans la parabole du semeur, Jésus nous explique qu’il nous suffit d’accueillir, de garder précieusement cette parole, de la mettre en pratique et que lui, Dieu, s’occupera de tout le reste. Voyons donc ce temps d’épreuve où l’humanité apprend à faire confiance à la Parole de Dieu, à l’oeuvre de Dieu, finira-t-elle par croire à son amour? (Pour une analyse plus approfondie du texte biblique voir le troisième jour dans l’article Genèse 1,1 – 2, 3 Les sept jours, étapes de l’amour)

Les étapes de la vie de Jésus

Les 40 jours : Carême et Ascension

Le Carême : les quarante ans au désert du peuple hébreu et les quarante jours du Christ au désert.
Un temps pour méditer sur notre condition terrestre, ses épreuves et orienter notre vie vers l’espérance de la victoire de l’amour sur tout mal, vers le mystère de la Pâque, de la vie éternelle qui nous fait à l’image et ressemblance de Dieu.

Les tentations du Christ. Mosaïque de la basilique Saint-Marc, Venise (XIII siècle). Jésus répond par la parole de la Bible aux tentations, montrant par là que la parole de Dieu est un guide sûr pour être victorieux des ténèbres. Ainsi, il répond au tentateur qui lui offre du pain, que la Parole de Dieu est aussi une nourriture. Lorsque le diable le transporte au sommet du Temple l’invitant à se jeter en bas afin que les anges viennent le sécourir, il répond que ce n’est pas bien de chercher la grandeur en mettant Dieu à l’épreuve. Et puis, lorsque le tentateur lui offre richesses et pouvoir, il répond qu’il faut adorer seulement Dieu et donc de ne pas poursuivre les richesses en se détournant du chemin de l’amour du prochain, de l’amour de Dieu.

Tout au long des récits bibliques le chiffre quarante ou quatre cent nous renvoie à la durée de notre vie terrestre, à un temps d’épreuve. Cela peut durer quarante ans, comme pour le peuple hébreu lorsqu’il a traversé le désert pour parvenir à la Terre Promise, ou quarante jours, comme pour le temps où Jésus a été tenté au désert. Ou bien encore, 40 jours pendant lesquels, après sa résurrection il est apparu aux apôtres, les a instruits et leur a ouvert l’esprit à la compréhension des Ecritures, de la Parole de Dieu. Il leur fallait en effet comprendre le langage divin qui parle de la réalité spirituelle à travers les images des dynamiques de la nature et de notre vie terrestre.
Voyons donc ces trois périodes de quarante années ou jours, l’une après l’autre. D’abord, celle qui nous dit les vicissitudes du peuple hébreu qui a été esclave pendant 400 années en Egypte et puis a été libéré de cet esclavage. Ces 400 années, représentent notre existence humaines dans les ténèbres, L’esclavage est celui de l’être humain emprisonné par l’enchaînement des violences, par la loi du talion en vertu de laquelle il répond à l’offense avec l’offense. Aucun pardon n’est possible, l’humanité divisée par les égoïsmes, les rivalités, les guerres ne goûte pas à la joie de l’amour véritable, gratuit. C’est de cet esclavage que Dieu vient nous libérer, par la surabondance de son pardon, il permettra à l’être humain d’entrevoir une paix et une joie plus grande dans le don de sa propre vie. Ainsi s’accomplit la victoire sur le mal. Mais ensuite une fois entrevue la sortie de l’esclavage, une fois quitté l’Egypte et traversé la mer salée, orientée vers la Terre Promise, vers le bonheur entrevu, vers la source d’eau vive, l’humanité doit traverser un désert. Le désert de la condition humaine privée de Dieu, privée da la source de vie, d’amour qui seule peut nous réunir dans la joie d’être tous frères et soeurs, d’être chacun au service de l’autre, d’être comme les membres d’un même corps. La confrontation au monde, aux ténèbres du manque de confiance en l’amour, en la surabondance de la vie divine qui nous est offerte, sera l’occasion d’innombrable chutes. L’être humain face à l’hostilité aura peur, il sera tenté de renier, de mentir, plutôt que de remettre sa vie dans les mains de Dieu et d’aimer jusqu’au bout. Face à la pénurie de biens terrestres, il sera tenté de s’approprier de ceux-ci plutôt que de trouver la vraie nourriture dans la sagesse de la parole de Dieu. Humilié, il cherchera la puissance en faisant des alliances qui pourront lui conférer pouvoir ou richesse, plutôt que de servir Dieu et son prochain.
Voici le récit de l’évangile qui nous dit que Jésus aussi a voulu vivre cette épreuve, cette confrontation au monde pour nous montrer comment en ressortir vainqueurs:
« Alors Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » 

Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » 

Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient. » (Matthieu 4, 1-11)

L’Ascension : Après la résurrection Jésus apparaît aux apôtres, les instruit et les affermit dans l’amour, la foi et la compréhension de la Parole de Dieu. Un temps pour se préparer à trouver la présence de Dieu dans nos vies, alors que nous ne le voyons pas.

L’Ascension de Jésus au ciel. Mosaïque du Dôme de Monreale, Italie (XII siècle). Jésus promet aux apôtres de leur préparer une place dans la demeure du Père où une place est préparée pour chaqu’un de ses enfants. Ainsi, la mission des apôtres sera d’inviter les autres êtres humains à prendre leur place dans le Royaume de Dieu en accueillant leur prochain comme un frère ou une soeur. Marie, au centre, à été la première à repondre à l’invitation de Dieu, à lui ouvrir la porte, permettant à tous de suivre son exemple, en faisant confiance en la bienveillance divine et en son amour.

Nous avons vu dans le récit des tentations du Christ que la réponse aux différentes tentations se trouve toujours dans la parole de Dieu. C’est toujours par une citation d’autres passages de la Bible que Jésus répond à Satan et par là il nous montre quel est le chemin à suivre pour être à notre tour vainqueurs du mal. Ensuite, avant sa mise à mort et après la résurrection, Jésus a beaucoup mis en garde les apôtres sur les persécutions qu’ils auraient eux aussi à affronter. Il a donc voulu les préparer encore et encore à ces épreuves et leur a montré comment comprendre les Ecritures, la Parole de Dieu, En effet, il est important de pouvoir comprendre par quelles images Dieu nous parle de notre vie et réalité spirituelle, afin de pouvoir s’y reconnaître nous aussi car c’est dans la Parole de Dieu que nous trouvons le chemins vers la lumière. Or, cette Parole ce ne sont pas seulement des mots, mais cette Parole s’est faite chair en Jésus Christ, donc Jésus apprend à ses disciples à reconnaître son oeuvre à lui, éternelle dans les mots de la Bible, il leur apprend à associer chaque moment de sa vie terrestre à des passages de l’Ecriture qu’il est venu accomplir en sa propre personne, par ses actes. L’oeuvre de Dieu qui n’était pas visible à l’humanité, et pourtant bien réelle, est maintenant devenue visible en Jésus-Christ. Mais plus encore, Jésus leur promet que eux aussi pourront accomplir ce qu’il a lui-même accompli, il leur promet que eux aussi conduiront l’humanité des ténèbres à la lumière, que eux aussi révéleront l’amour et le pardon de Dieu au monde. En effet, peu à peu, grâce à l’aide de Jésus et de son Esprit, le Saint Esprit d’amour, ils réaliseront toujours d’avantage combien Dieu nous a toujours aimé depuis la création du monde, comment il a aimé tous les êtres humains et comment il donne vie à chacun. Ainsi, dix jours après l’Ascension, le jour de la Pentecôte, ils seront pleinement remplis de cet Esprit d’amour et ils seront prêts pour l’apporter au monde. L’épreuve consistait donc aussi dans le fait de ne plus voir Jésus, de ne plus entendre ses paroles car au jour de l’Ascension, il se serait soustrait à leur vue. Mais, il leur a aussi promis qu’il serait avec eux tous les jours de leur vie, qu’ils auraient une demeure auprès de lui, mais comment le trouver? comment entendre sa voie? comment trouver le chemin? En étant remplis d’amour comme lui pour toute créature, en vivant de son propre amour, de sa propre vie, en regardant chaque être humain comme un enfant de Dieu. Alors, il leur sera possible de suivre et faire la volonté de Dieu, en étant au service et à l’écoute de chacun, en portant le souci de chacun, comme dit l’apôtre Paul:
« Alors quel est mon mérite ? C’est d’annoncer l’Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l’Évangile. Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. Et avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, pour gagner les Juifs. Avec ceux qui sont sujets de la Loi, j’ai été comme un sujet de la Loi, moi qui ne le suis pas, pour gagner les sujets de la Loi. Avec les sans-loi, j’ai été comme un sans-loi, moi qui ne suis pas sans loi de Dieu, mais sous la loi du Christ, pour gagner les sans-loi. Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi. » (1 Corinthiens 9, 18-23)
C’est en se mettant à la suite du Christ, en l’imitant, qu’on voit véritablement le visage de Dieu en chacun, c’est en lui faisant confiance, en remettant sa vie entre ses mains, en se laissant conduire par les appels de notre prochain que nous rentrons pleinement dans la relation filiale avec Dieu. Unis au Fils, nous entrons dans la relation filiale avec le Père, nous entrons dans le mystère de l’échange d’amour de la Trinité. Nous vivons ainsi de l’amour du Fils qui remet sa vie entre les mains du Père, vivant le plus grand amour, celui de l’Esprit Saint.
Voyons donc cette conversation de Jésus avec les apôtres lors du dernier repas, avant sa mise à mort et sa résurrection, avant que leur esprit soit ouvert à reconnaître l’oeuvre de Dieu en Jésus-Christ. Ils sont déconcertés, ils ne voient pas, ils ne savent pas comment le trouver, comment trouver le chemin:
« Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » (Jean 14, 1-21)

La relation avec Dieu et avec notre prochain

L’arbre qui porte du fruit en son temps

Détail du Christ dans la coupole de l’Ascension. Mosaïque, Basilique de Saint-Marc, Venise (XIII siècle).

Voici la partie centrale de la mosaïque de la coupole de l’ascension dans la Basilique de Saint-Marc à Venise. Le texte de l’évangile et celui des Actes des apôtres nous aideront à comprendre cette image:

« Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. » Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. » (Luc 24, 45-53)

« Cher Théophile, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » (Actes 1, 1-11)

Autour du Christ nous voyons donc quatre anges et l’inscription latine qui dit: 
« Dicite quid statis quid i(n) etere co(n)sideratis filius iste D(e)i I(esus) C(hristus) cives galilei sumptus ut a vob(is) abiit (et) sic arbiter orbis iudicii cura veni(et) dare debita iura », « Dites, pourquoi vous restez à scruter dans le ciel, habitants de Galilée, ce Fils de Dieu, Jésus-Christ, qui est monté et de même qu’il s’est éloigné de vous, ainsi il viendra pour être arbitre du jugement du monde et rendre la justice qui lui est due.»

La coupole de l’Ascension. Mosaïque, Basilique de Saint-Marc, Venise (XIII siècle). Dans le deuxième cercle: Marie avec les apôtres et les arbres de vie. Dans le troisième cercle: les oeuvres de charité.

En élargissant l’image à toute la coupole, nous voyons apparaître le lien avec le thème de l’arbre, celui dont il est question au troisième jour de la création et il nous est bien clair, à partir de l’image, que chaque arbre est associé à un apôtre. En effet, ceux qui trouvent la foi en Jésus-Christ Fils de Dieu sont comparable à un arbre qui dirige ses racines vers la source de vie, comme nous dit le psaume 1:
« Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira, tel n’est pas le sort des méchants. Mais ils sont comme la paille balayée par le vent : au jugement, les méchants ne se lèveront pas, ni les pécheurs au rassemblement des justes. Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. »

Tout au long de la Bible, le juste est comparé à un arbre et ce n’est pas seulement le baptisé ou le juif qui est appelé juste, mais tout homme qui rencontre Dieu à travers le service de son prochain, même s’il ne connaît pas Dieu ou Jésus. En effet, l’évangéliste Matthieu nous rapporte les paroles de Jésus qui décrivent ce qu’annoncent les anges aux apôtres, c’est-à-dire les paroles que Jésus adressera à l’humanité lors de la résurrection des morts, au moment où tous ceux qui ne l’ont pas connu, qui n’ont pas cru en lui, le verront:
« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” ( Matthieu 25, 31-40)
C’est donc Jésus lui-même qui nous dit que les êtres humains qui ne l’auront pas connu, auront néanmoins fait l’expérience de Dieu à travers l’amour de leur prochain et qu’ainsi ils auront rencontré Dieu.
Le juste, croyant ou non-croyant, est donc comparé à un arbre qui porte du fruit en son temps, c’est-à-dire qu’il ne se préoccupe pas du fruit, de savoir combien ou s’il en porte, c’est-à-dire qu’il ne cherche pas une récompense, mais il offre un amour gratuit et c’est cet amour-là qui est donné sans rien attendre en retour qui permet à l’arbre, au juste de s’abreuver à la source de la vie, de l’amour, de la joie divine. Cette source jaillit en lui lorsqu’il contemple et désire le bonheur de son prochain, voilà comment il sera comblé de joie, comme les parents le sont par le sourire et la gratitude de leur enfants. Cet arbre a orienté ses racines vers la source d’eau vive, vers le service du prochain, tout comme l’arbre de vie qu’est Jésus lorsqu’il offre sa vie sur la croix pour le salut du monde. Maintenant, dans la vision qui nous est offerte de cette réalité divine par la mosaïque et par les paroles de l’évangile, nous contemplons la gloire du Christ au ciel, les anges qui orientent et guident l’humanité vers les réalités célestes, spirituelles, les apôtres qui sont comme des arbres qui nous offrent leur fruit, Dieu étant le jardinier qui, à travers les évènements de leur vie, les prépare et les dispose à porter du fruit, en arrosant, en coupant, en préparant le terrain, en redressant.
Or, au milieu des apôtres, au centre de l’image, nous voyons Marie, entourée par les archanges Michel et Gabriel dont elle a accueilli avec foi et confiance la parole venant de la part de Dieu, tout au long de sa vie. Ainsi, ces anges l’ont guidée vers une compréhension et une confiance toujours plus grande, de façon qu’au moment de l’épreuve, après la mort du Christ, c’est elle qui a maintenu unis les apôtres, les a encouragés et orientés vers l’espérance de la résurrection.
Et dans le cercle successif, seize figures féminines qui représentent les vertus, c’est-à-dire toutes les façons d’être à l’écoute et au service du prochain. C’est par ces oeuvres de charité, d’amour gratuit, que chacun peut contempler le visage de Dieu, c’est-à-dire faire l’expérience de Dieu à travers un amour égal au sien, animé par son Esprit, l’Esprit qui donne vie au monde et qui conduit l’être humain, créé à l’image de Dieu, vers la pleine ressemblance avec lui.
Voici les noms des seize figures, des oeuvres de charité, des vertus et des béatitudes:
Espérance, Foi, Justice, Force, Tempérance, Prudence, Humilité, Douceur, Contrition, Abstinence, Miséricorde, Patience, Chasteté, Modestie, Constance, Charité.
Cette dernière la charité (à 9 heures dans le cadrant), couronnée et revêtue d’habits royaux est la mère de toutes les vertus, d’après l’inscription à sa droite. C’est l’amour gratuit sans lequel tout le reste n’est rien, si toute ces qualités ne sont pas mues par l’amour, par le plus grand amour, comme nous dit l’apôtre Paul:
« J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant. Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » (1 Corinthiens 13, 1-13).

Détail de la coupole de l’Ascension. Mosaïque, Basilique de Saint-Marc, Venise (XIII siècle). Les figures féminines représentent les oeuvres de charité, la plus importante d’entr’elles, la charité, c’est-à-dire l’amour gratuit, porte l’inscription « Mater virtutum », la mère des vertus. 

Semaine Sainte:

On essaie de tendre des pièges à Jésus

Les vierges insouciantes et les vierges prévoyantes. Mosaïque de la façade de Sainte-Marie-du-Transtévère (XIII siècle). La parabole des dix vierges qui attendent l’époux, nous dit que seulement celles qui ont de l’huile dans leur lampe pourront le reconnaître dans la nuit. Cela signifie que pour connaître Dieu qui est amour, il faut soi-même aimer son prochain, alors l’huile qui représente la force de l’Esprit Saint qui pénètre en nous, nous fera resplendir dans la nuit, nous fortifiera dans les épreuves et nous pourront connaître Dieu.

Nous voyons que les oeuvres de charité s’accompagnent de difficulté et épreuves. Les premiers martyrs illustres étaient souvent des diacres, comme saint Etienne dans les Actes des apôtres. En effet, c’étaient les diacres qui étaient les plus exposés, les plus en vue, puisqu’ils s’occupaient du service des pauvres, ils partageaient les offrandes des fidèles en les distribuant aux besogneux, ils visitaient les malades, ils annonçaient l’Evangile. Donc, ils s’exposaient aux mêmes accusations que Jésus: c’est la lumière qui fait apparaître l’ombre encore d’avantage. Ainsi, au troisième jour de son entrée à Jérusalem, Jésus sera continuellement assailli par ceux qui essaient de lui tendre des pièges, en le mettant dans des situations difficiles, en lui posant des questions pour pouvoir ensuite l’accuser. En même temps, si nous analysons les pièges qui sont tendus à Jésus pour le prendre en faute, nous voyons à nouveau, comme lors des tentations au désert, comment l’amour répond à chaque tentation différente. Cela nous ramène aux caractéristiques de l’amour énumérées par saint Paul : l’amour prend patience, rend service, ne jalouse pas, ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’emporte pas, n’entretient pas de rancune, ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai, il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. Bien évidemment toutes ces vertus que Jésus met en oeuvre font apparaître encore d’avantage l’attitude contraire exercée par ceux qui le mettent à l’épreuve. Plusieurs chapitres des évangiles nous relatent les conversations et confrontations de Jésus avec ses adversaires pendant ses derniers jours à Jérusalem, suivons le récit de saint Matthieu, à partir du troisième jour de la Semaine Sainte :
– Il est question d’un arbre, un figuier, qui ne porte pas de fruit. Il sera l’image de tout ce qui va se passer, l’être humain, pris dans les rivalités, les jalousies, ne porte pas de bon fruit, il est nuisible. Face à la parole de Jésus, le figuier va se dessécher, il ne pourra rien contre lui, tout comme les ténèbres ne peuvent pas résister à la lumière, le feu d’amour que Jésus apporte aux monde consume ses adversaires, fait apparaître le mal, rend possible le discernement entre les bonnes oeuvres qui portent du fruit et celles qui engendrent meurtres et conflits. La foi qui endure les épreuves et ne cède pas au mal est victorieuse. (voir Matthieu 21, 19-21).
– Au Temple, les grands prêtres questionnent Jésus sur les oeuvres qu’il accomplit: c’est Dieu qui lui donne d’accomplir ces prodiges ou c’est un savoir humain? avec quelle autorité fait-il tout cela? Jésus leur répond par l’exemple de Jean Baptiste vers qui les foules accouraient pour demander pardon de leur fautes, pour se convertir, de mêmes que des pécheurs publiques se sont convertis et suivent Jésus. Ce sont les fruits qui aident à juger des oeuvres, si elles viennent de Dieu ou des hommes qui cherchent un profit, un intérêt. Jésus leur dit aussi des paraboles qui parlent de ceux qui font la volonté de Dieu et travaillent à sa vigne et de ceux qui ne font pas la volonté de Dieu et persécutent et tuent ceux qui viennent de la part de Dieu. Ainsi, les miracles de Jésus portent-ils des fruits qu’on peut voir chez les autres, y a-t-il du bien qui se fait dans le coeur des êtres humains ou bien comme dans la première tentation du diable au désert, il a fait cela pour son profit personnel? En effet, le diable disait à Jésus: « Transforme ces pierres en pains » et Jésus lui répond en disant que sa nourriture, sa récompense, est de faire la volonté de Dieu, c’est-à-dire la récompense est dans l’amour, non dans un profit, un avantage terrestre. (Matthieu 21, 23-46).
– On essaie de prendre Jésus au piège en le faisant parler au sujet de César, est-il légitime de payer les impôts à César? C’est-à-dire cela n’est-il pas en contradiction avec le culte exclusif de Dieu? Cela ne signifie-t-il pas se mettre au service d’une autorité humaine et non de Dieu? Cela aussi reprend la tentation du diable au désert: Prosterne-toi devant moi et je te donnerai toutes les richesses du monde. Mais, Jésus en montrant que les pièces de monnaie portent l’image de César, montre que cette apparente richesse appartient à César, que son vrai trésor est ailleurs, dans le service de Dieu et que c’est lui seul que Jésus sert. (Matthieu 22, 15-46)
– Enfin, les experts de la Bible, essaient d’interpréter la Parole de Dieu à leur avantage, pour justifier des mauvaises pratiques et Jésus leur répondra, tout comme il avait répondu au diable au désert, qu’il ne faut pas mettre Dieu à l’épreuve, c’est-à-dire chercher des justifications à ce qu’on fait de mal en prétendant même que cela est un service que l’on rend à Dieu. En effet, Jésus critique beaucoup de pratiques religieuses qui avaient été imposées aux fidèles par les experts de la Parole de Dieu afin de s’enrichir eux-mêmes ou d’en tirer un bénéfice par la soumission du peuple, garantissant ainsi aux Romains que la population ne s’insurgerait pas contre eux. C’est cela mettre Dieu à l’épreuve en prétendant de façon hypocrite que ce que l’on fait de mal, vient de la volonté de Dieu, qu’on fait cela pour lui. Jésus dénonce l’hypocrisie de ceux qui prétendent être les serviteurs de Dieu, mais poursuivent leur intérêt. Les autres évangélistes relatent aussi l’épisode de la pauvre veuve qui avait offert en aumône au Temple les deux dernières petites pièces qui lui restaient, en remettant désormais sa vie uniquement dans les mains de Dieu. Ce geste était authentique, il venait d’une grande foi, mais personne ne peut le remarquer, seulement Dieu le connaît. Ainsi, Jésus le met en valeur et par là critique l’hypocrisie de ces qui mettent ostensiblement de l’argent dans le tronc poursuivant un avantage humain et non pour rendre hommage à Dieu. (Matthieu 21, 1-4).

Beaucoup de paraboles suivent encore ces épisodes où Jésus est mis à l’épreuve. Il parlera ainsi, toujours pour dénoncer l’attitude hypocrite, de ceux qui semblent être au service de Dieu en apparence, mais ne le servent pas concrètement ni par leurs oeuvres ni dans leur coeur. Il parlera ainsi de celui qui est invité au repas de noces, mais ne porte pas l’habit de noce, il sera jeté dehors. Cela signifie qu’il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur, mais qu’il faut aussi que nos actes correspondent et expriment notre foi. C’est cela le sens de l’habit de noce, être revêtu des actes de justice, être revêtu du Christ, être au service de son prochain. Seulement ainsi nous pouvons participer à ce repas qui est l’expression d’une communion et d’un amour profond entre les convives. Dans le banquet céleste du Royaume des cieux, dans ce repas de noces où l’humanité est unie à Dieu, tous célèbrent l’amour, tous sont réunis au nom de l’amour, si l’on n’aime pas son prochain il n’est pas possible d’être en communion avec lui, il n’est pas possible d’être assis à la même table qui célèbre l’amour. C’est un repas d’alliance, de communion, d’action de grâce pour l’amour qui nous unit les uns aux autres. (Voir la parabole sur l’habit de noces dans l’article sur Matthieu 22, 1-14 L’habit de noces et les articles liés à celui-ci à propos du repas eucharistique.

 Jésus invite donc à la rencontre sincère avec Dieu, il s’agit d’une rencontre d’amour, c’est l’amour entre l’humanité et Dieu qui est au centre des paraboles du festin de noces. Aimer Dieu, c’est aimer tout court, car Dieu est amour, celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, au contraire, celui qui aime son prochain celui-là est uni à Dieu, animé par son amour. Ainsi, Jésus propose une autre parabole qui nous parle de fiançailles entre Dieu et l’humanité. En effet, lorsque les prophètes portent au peuple la parole de Dieu, Dieu leur dit de s’adresser au peuple en l’appelant: « ma fiancée, ma bien-aimée. » Et, Jésus de même nous parle des fiancées qui attendent l’époux, c’est la parabole des dix vierges: « Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes » (Matthieu 25, 2). En effet, elles attendaient l’époux dans la nuit, cinq d’entre elles n’avaient pas d’huile dans leur lampe et dans l’obscurité n’ont pas pu le trouver, le reconnaître, puisqu’elles n’ont pas accompli d’oeuvre de charité, elle n’ont pas pu connaître Dieu qui est amour. Encore, une fois, comme dans les étapes de l’amour, dans les sept jours qui nous disent l’oeuvre de Dieu pour conduire l’humanité des ténèbres à la lumière, ici aussi la lumière nous permet de voir Dieu. Selon la tradition, l’huile qui est essentielle à la lumière est celle qui pénètre le corps et l’esprit humain profondément et le remplit d’amour, d’intelligence, de sagesse, de force, de persévérance, d’espérance et confiance. Ce sont tous les dons que nous devons mettre en oeuvre afin de pouvoir aimer Dieu et notre prochain: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matthieu 22, 37-39)
Il faut que c’est esprit d’amour se traduise en actes, en oeuvres, pour qu’il illumine notre prochain, c’est lorsque nous pouvons reconnaître la présence de Dieu dans notre prochain que nous apercevons sa lumière. Cette huile qui nous pénètre et fortifie notre esprit est celle même de l’Esprit divin qui nous pousse à retrouver la présence de Dieu en notre prochain. (Voir Matthieu 25, 1-13 ci-dessus).

Les vierges insouciantes et les vierges prévoyantes, détail. Mosaïque de la façade de Sainte-Marie-du-Transtévère (XIII siècle). 

Phrase du Notre Père :

Que ton Règne vienne

La croix entourée d’étoiles. Mausolée de Galla Placidia, Ravenne, Italie (V siècle). Une image du Royaume de cieux, la lumière, l’amour du Christ a rempli le coeur de ses fidèles qui brillent à leur tour comme les étoiles dans les ténèbres, victorieux du mal et de la mort. Leur coeur n’a pas cédé à la haine, ils n’ont pas répondu à l’offense avec l’offense, l’Esprit Saint les a soutenus dans l’épreuve.

Dans la prière du Notre Père, toutes les étapes de notre vie spirituelle se présentent à nous et nous les présentons à Dieu pour qu’il nous aide à les vivre. Elles résument tout le sens de notre vie. La demande du Royaume de Dieu est celle qui nous permet d’accueillir la vie, telle que Dieu nous la propose. C’est lui « le chemin, la vérité, la vie » (Jean 14, 6). Comment est-il possible de vivre en ce monde et d’être en même temps dans le Royaume de Dieu? Que signifie vraiment cette demande? Lorsque l’apôtre Paul nous invite à prier 24 heures sur 24, il a peut-être à l’esprit cette demande, chercher à vivre chaque instant en communion avec Dieu, à aimer notre prochain comme il l’aime. Dans le Royaume de Dieu se vit une communion et un amour parfait entre les êtres humains, comment est-il possible de vivre cette communion sur cette terre? Ce Royaume de Dieu n’est-il pas au ciel, n’est-il pas le Royaume des cieux? Mais les cieux sont l’image de notre vie spirituelle et Jésus nous dit: « En effet, voici que le règne de Dieu est au-dedans de vous. » (Luc 17, 21). Le Royaume de Dieu c’est la présence du Christ en nous, la présence de son amour, qui nous rend capable d’aimer chacun comme Jésus l’aime. Alors peu importe l’hostilité, les persécutions, les épreuves, voyons ce que nous dit l’apôtre Paul:
« Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire. J’estime, en effet, qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée à nous. En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ; voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment peut-on l’espérer encore ? Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles. Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères. Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire. Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste : alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous : alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? En effet, il est écrit : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, qu’on nous traite en brebis d’abattoir. Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Romains 8, 10-39)
Voici, donc, que dans notre vie quotidienne, même dans les soucis, les situations difficiles, les conflits, les épreuves, nous pouvons demander à Dieu que son règne vienne en notre coeur, au dedans de nous afin que l’amour soit victorieux, qu’il règne véritablement, que la jalousie, la haine, le ressentiments ne gagnent pas notre coeur, que nous aspirions toujours à la vie du Royaume. Que notre demande ouvre nos coeurs à la sagesse de Dieu, que l’Esprit Saint nous fasse entrevoir la bonne attitude envers notre prochain, que ces pages d’évangile où nous voyons Jésus en butte à toute sorte de contradictions, d’attaques, nous inspirent et soient pour nous un modèle.