Le 4ème jour de l’œuvre de Dieu
Le soleil, la lune, les étoiles

Le 4ème jour, coupole de la Genèse. Basilique de Saint-Marc, Venise (XIII siècle). Les saints, les martyrs, resplendissent comme les étoiles dans le ciel, victorieux des ténèbres du mal. L’amour des uns pour les autres les réunit comme les membres d’un même corps, ensemble, comme la lune, ils reçoivent leur éclat de la lumière du Christ ressuscité, soleil de justice.
Au quatrième jour de l’oeuvre de Dieu, les luminaires séparent le jour de la nuit. Ainsi, Dieu est toujours à l’oeuvre afin de conduire l’humanité à la pleine ressemblance avec lui, afin de la séparer des ténèbres et la faire resplendir de sa lumière. Depuis celui qui est le modèle de la foi, Abraham, nous savons quelles étapes va accomplir cette foi, quels fruits elle va porter et quelle est sa destinée: en effet, Dieu promet à Abraham: « Je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. » (Genèse 22, 17). Dans la Bible, les enfants représentent les conséquences de nos actes. La foi d’Abraham engendrera une multitude d’êtres humains qui, mettant leur confiance en Dieu, seront aussi une lumière pour ce monde, un point de repère dans la nuit. En effet, Abraham est loué dans la Bible pour avoir fait une confiance totale à la parole de Dieu. Saint Paul nous dit que lorsque Dieu lui demande de sacrifier son propre fils, Abraham était prêt à la faire parce qu’il croyait que Dieu, maître et origine de la vie, aurait pu lui rendre cette vie par delà la mort. Combien d’hommes et de femmes dans l’histoire du monde ont été prêt à sacrifier leur propre vie pour la justice, pour venir en aide à leur prochain, combien ont eu cette même confiance qu’une vie offerte par amour aurait vaincu la mort. Une multitude de martyrs continue en chaque moment tragique de l’histoire de porter ce témoignage de foi en la vie, en l’amour, plus forts que la mort. Ils sont alors, pour nous tous, comme des étoiles qui brillent dans l’obscurité. Or, Jésus est venu affermir affermir la foi des êtres humains dans la foi en la victoire de l’amour sur la mort. Après avoir montré le plus grand amour en offrant sa vie et son pardon à l’humanité toute entière sur la croix, il a manifesté la résurrection, il est apparu à ses disciples et les a envoyés dans le monde porter ce témoignage. Ce témoignage était tellement fondamental pour les apôtres, qu’il ont été prêts à sacrifier leur vie, lorsqu’on essayait de les faire taire au sujet de la résurrection. Jésus leur a promis:
« Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.» (Jean 14, 12-17)
Cet Esprit descendra sur les apôtres le jour de la Pentecôte et ils pourront à leur tour le transmettre. C’est le mystère de l’Eglise, des membres du corps du Christ, le mystère de ceux qui reliés à la même source d’amour et de vie, ceux qui ne forment plus qu’un, une seule famille de frères et soeurs, le même esprit d’amour de Dieu les anime. Ils sont les membres et Jésus est la tête qui répand son amour à travers ses membres. C’est l’image de la lune qui nous parle de ce mystère, elle reflète dans les ténèbres la lumière du Christ, soleil de justice. Ceux qui reçoivent cette lumière, sont des étoiles qui aident l’humanité à trouver la source de la vie dans la nuit.
Les étapes de la vie de Jésus
Le 50ème jour : la Pentecôte
La 50ème année : l’Année sabbatique

Coupole de la Pentecôte. Mosaïque, Basilique de Saint-Marc, Venise (XIII siècle). L’Esprit Saint sur le trône de Dieu sous l’aspect d’une colombe répand son amour sur les apôtres sur la tête desquels il brille comme une flamme. Souvent l’amour est représenté sous forme de flamme, de feu qui brûle et rechauffe le coeur, mais aussi comme sagesse qui diffuse sa lumière. Les apôtres ainsi habités par l’Esprit de Dieu, peuvent le transmettre aux foules et aux peuples de toutes langues qui sont représentés dans le cercle extérieur de la mosaïque, désignés par leurs noms.
Le chiffre cinquante est très important dans la Bible, il désigne le moment où après tant de tribulations l’être humain peut enfin entrevoir le salut, la délivrance, le pardon et la paix qui s’ensuit. C’est le moment où enfin, l’humanité égarée, aveuglée, divisée, est ramenée à l’unité, à la concorde, à l’harmonie, à la paix. Tout cela s’est en fait réalisé par l’Esprit d’amour de Jésus, qui a été offert et transmis à l’humanité. Cela avait déjà été annoncé, figuré par les mots des prophètes de l’Ancien Testament et s’est finalement accompli par Jésus.
Voyons comment cela a été déjà annoncé dans la Bible et quelles images utilise la Parole de Dieu pour nous parler de cet accomplissement de notre vie spirituelle. Or, c’est d’abord par le chiffre sept, qui est celui des jours de la création que Dieu nous conduit à lui, par étapes successives. Sept sont aussi les lumières que l’Esprit de Dieu apporte à l’humanité, les lumières qui nous conduisent à lui, à la plénitude de l’amour: sagesse, discernement, conseil, force, connaissance, crainte et contemplation du Seigneur. Or, dans notre vie, les étapes qui, à chaque fois, nous conduisent vers Dieu, à travers nos épreuves et toutes les vicissitudes de notre vie, se représentent sans cesse, à l’infini, on dirait. Mais, dans la langue hébraïque des prophètes, il n’y a pas de mots abstraits comme « infini », donc, pour s’imaginer ce que cela peut représenter dans nos vies, on multiplie un chiffre par lui-même. Ainsi, si l’on prend le chiffre sept qui nous dit la plénitude de l’oeuvre de Dieu, pour signifier que cela se produit à l’infini, on dira 7 fois 7 ou 70 fois 7. Et qu’est-ce qui nous attend au bout de cette vie, lorsque nous aurons traversé toutes les étapes et qu’après d’innombrables erreurs et d’innombrables pardons reçus, nous aurons finalement trouvé le repos? Cette béatitude, ce bonheur qui sera le notre lorsque nous serons finalement réconciliés avec Dieu et les uns avec les autres, est figurée par le chiffre 50. En effet, après avoir multiplié le chiffre sept par lui-même, après avoir 70 fois 7 fois commis des erreurs et demandé pardon, après avoir 70 fois 7 fois cherché sagesse, discernement, conseil, force, connaissance, crainte et contemplation du Seigneur, nous arriverons finalement à la béatitude, au chiffre qui est au-delà de 7 fois 7 et c’est le chiffre 50 qui nous dit cela.
Ainsi, après avoir vécu le Carême, les quarante jours qui figurent les épreuves de notre vie terrestre, après avoir médité le mystère de la Pâque figuré par le chiffre sept qui nous dit l’accomplissement de l’ouvre de Dieu, de l’œuvre du salut, nous passons au chiffre 50, celui du cinquantième jour qui signe le passage au bonheur à travers la réconciliation.
Cela était déjà annoncé et figuré dans la Bible par les prescriptions concernant l’année sabbatique, la cinquantième année qui vient après avoir compté sept fois sept années: cette année-là, le travail s’arrêtera, il n’y aura plus d’esclave et chacun retrouvera ses biens, l’humanité est réconciliée.
Le résumé, le condensé de toute la Bible, se trouve dans la prière des Psaumes et voici que le Psaume 50 nous dit qu’après avoir été pardonné d’innombrables fois, le fidèle, à nouveau créé, pourra finalement jouir de la paix de Dieu et le louer avec l’humanité rachetée.
Nous arrivons ainsi à l’accomplissement des promesses en Jésus Christ. C’est au cinquantième jour après sa résurrection que son esprit, son amour, est finalement répandu sur les apôtres et par eux transmis au reste de l’humanité. En effet, Pentecôte signifie le cinquantième en grec et il est important de voir tout ce que l’évangéliste saint Luc nous rapporte à propos de jour.
En ce cinquantième jour, les apôtres étaient encore enfermés, cachés, dans le lieu où ils avaient pris le dernier repas avec Jésus. À ce moment-là, ils leur fut donné d’entrer dans une pleine communion avec Dieu, il leur fut donné de partager son Esprit d’amour. Cette réalité spirituelle fut représentée par l’image de flammes qui descendirent sur chacun d’eux. Après quoi, ils sortirent au devant de la foule qui avait vu ce prodige des flammes dans le ciel et qui s’était rassemblée autour de la maison. Or, il y avait là des gens de tous les pays et chacun entendit les apôtres parler dans sa propre langue. Ce miracle est important car il nous rappelle que l’humanité s’était divisée lorsqu’elle avait voulu ériger une tour très haute pour rivaliser avec Dieu, la tour de Babel. C’est à ce moment qu’avec l’effondrement de la tour, les êtres humains, privés de l’amour de Dieu etaient devenus rivaux les uns des autres et c’est à ce moment que chacun s’était exprimé dans une langue différente. Or, le miracle de la Pentecôte, nous dit que l’amour de Dieu rassemble et réconcilie les hommes, la différence des langues n’est plus un obstacle. Et l’évangéliste ajoute que ce jour-là s’accomplit la parole du prophète Joël qui annonçait que dans les derniers jours l’Esprit de Dieu serait répandu sur toute créature. En effet, il s’agit des derniers jours, non pas au sens de la fin du monde, mais au sens où l’œuvre de Dieu étant accomplie au septième jour, l’humanité animée par l’Esprit de Dieu passe à une vie nouvelle, hors de ce temps car renouvelée dans son esprit qui vit la réalité du Royaume de Dieu, d’un amour qui unit celui qui le reçoit à son prochain dans lequel il voit désormais un frère, une sœur, un membre de son propre corps.
Ainsi, dans la mosaïque de la coupole de la Pentecôte dans l’église de saint Marc on a tenu à représenter non seulement le Saint Esprit sous l’aspect d’une colombe qui règne sur le trône de Dieu et envoie un rayon sur les apôtres, mais aussi, tout autour des apôtres, est représentée la multitude de peuples différents énumérés dans le récit de saint Luc. Voici la suite des différents peuples présents le jour de la Pentecôte à Jérusalem, représentés dans le cercle extérieur de la coupole, deux par chaque peuple: « Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » (Actes 2, 9-11) L’inscription latine de la mosaïque nous dit: «Spiritus in flamis sup(er) hos distillat ut amnis corda replens munit et amoris nexibus unit hinc varie gentes miracula conspicientes fiunt credentes vim lingue percipientes». « L’Esprit descend sur eux dans les flammes, comme un fleuve qui les fortifie en remplissant leurs coeurs et les unit par les liens de l’amour. C’est pour cela que des peuples variés observant les miracles deviennent croyants, en percevant la force de leur langue. »

Détail de la coupole de la Pentecôte. Mosaïque, Basilique de Saint-Marc, Venise (XIII siècle). En bas des apôtres, deux figures représentent chacun des peuples et des différentes langues qui se trouvaient à Jérusalem ce jour-là. Chacun a entendu les apôtres parler dans sa propre langue. Ce miracle nous montre que la division et les rivalités qui avaient séparé les étrês humains en différentes langues lors de la construction de la tour de Babel, sont maintenant abolies par le don de l’Esprit Saint, envoyé pour réconcilier les hommes avec Dieu. Unis dans un seul amour chacun comprend le langage des apôtres.
La relation avec Dieu et avec notre prochain
L’onction qui transmet l’Esprit

Détail de la coupole de la Pentecôte. Mosaïque, Basilique de Saint-Marc, Venise (XIII siècle). Sur le trône de Dieu, le livre de sa Parole et la colombe de l’Esprit Saint. Cette Parole s’est faite chair, animé par l’Esprit d’amour de Dieu. Il ne s’agit pas d’une lettre morte, mais d’un amour qui peut transformer l’humanité et la conduire à la pleine ressemblance avec Dieu. La flamme d’amour qui anime les apôtres, les conduira jusqu’à donner leur vie pour ceux qu’ils aiment, faisant d’eux un reflet vivant du Christ, de la parole de Dieu, animés par le même esprit.
L’esprit est sans doute la réalité humaine la plus difficile à représenter, invisible, immatériel, quelle forme pourrait-on lui donner? Pour le représenter en tant que tel c’est l’image du feu que la création nous offre. En effet, la création toute entière reçoit la vie par l’Esprit de Dieu et elle est crée par la Parole de Dieu, elle est l’œuvre de la Trinité, d’un Dieu qui est relation d’amour et qui manifeste cet amour à travers cette oeuvre. Nous pouvons donc chercher comment cette création nous manifeste l’œuvre de Dieu, car elle est prédisposée à cela. Nous avons vu l’image de la lumière qui nous rend visible le visage de Dieu, le rend connaissable, tout comme Jésus Christ, parole de Dieu faite chair, nous le rend visible. Voyons maintenant cet élément qui est directement associé à la lumière, le feu. Le feu, comme l’esprit, comme le souffle qui nous anime et comme le vent n’a pas de forme figée mais il nous transmet lumière et chaleur. Il vient réchauffer les cœurs refroidis, les cœurs de pierre, il vient redonner vie à ce qui est figé dans la mort, dans la froideur. Des disciples qui s’en allaient tout tristes après la mort de Jésus, rencontrent Jésus ressuscité en chemin, mais il ne le reconnaissent pas. Et, Jésus sans se faire reconnaître ouvre leur esprit à l’intelligence des Écritures, c’est-à-dire il leur explique comment sa résurrection était déjà annoncée par les prophètes. Finalement, après avoir invité cet inconnu à rester auprès d’eux, celui-ci se fait reconnaître, mais il disparaît aussitôt à leurs yeux. Alors, les disciples s’exclament: « Notre cœur n’était-t-il tout brûlant lorsqu’il nous expliquait les Écritures? » En effet, une communion profonde avec notre prochain réchauffe notre cœur, ce qui était refroidi, désespéré, reprend vie lorsqu’il il est à nouveau ravivé par l’amour. Ainsi, l’amour se transmet comme une flamme, sans perdre de sa chaleur, à l’infini. Voici, sous quelle image l’Esprit lui-même se manifeste à nos yeux. Mais, notre propre esprit doit parcourir beaucoup de chemin avant d’être peu à peu purifié par cet Esprit d’amour, qu’est l’Esprit Saint de Dieu. Et voici que l’huile va nous montrer toutes ces étapes spirituelles, avant que l’être humain devienne lui-même une lampe à huile, une lumière, un feu brûlant qui transmet son amour aux autres.
Commençons depuis le début: les olives, l’olivier, le rameau d’Olivier. Ce sont des éléments fondamentaux pour le langage de la Bible, le langage de la Parole de Dieu qui s’exprime à travers les éléments de sa création. L’olivier est l’arbre de la réconciliation est l’arbre qui annonce le chemin vers la paix. Malheureusement sur cette terre le chemin vers la paix traversera beaucoup de tribulations. Déjà dans le livre de la Genèse, il nous est montré à travers l’histoire du déluge qu’après la victoire sur le mal, encore du temps est nécessaire, une colombe portant un rameau d’olivier annoncera que cette victoire a été remportée par Dieu, mais c’est à l’humanité, par la suite, d’accueillir les fruits de cette victoire. Rappelons-nous que le moment le plus terrible de la vie de Jésus est celui qu’il a vécu au jardin des oliviers la nuit de son arrestation, c’est là qu’il a été trahi, rejeté, abandonné. Il a souffert jusqu’à transpirer du sang, nous dit l’évangile.
Voyons donc pourquoi l’olivier, les olives d’abord, puis l’huile, puis la lampe à huile. En effet, avant de produire de l’huile, il faut que les olives soient pressées, c’est-à-dire que le noyau de résistance soit brisé et broyé, comme dit la Bible: « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé. » (Psaume 50, 19). Cela signifie que les olives doivent être moulues, le travail de la meule est de détruire le noyau, tout ce qui dans notre esprit résiste à la volonté de Dieu, tout ce qui fait obstacle à l’amour de Dieu et du prochain. C’est en reconnaissant nos fautes que nous pouvons être pardonnés, c’est cela offrire à Dieu un esprit brisé et broyé, de la contrition, du regret pour nos fautes, pour nos erreurs, alors nous pourrons être purifiés par lui. En effet, l’huile à peine moulue est toute trouble, elle a besoin de décanter pour être purifiée, c’est peu à peu que cet esprit purifié, pardonné, deviendra lumineux, brillant et doré comme l’huile qui devient lumineuse même avant de porter la flamme. C’est dans le chemin de cette vie que l’être humain qui reconnaît ses erreurs pourra être pardonné et donc aidé à en tirer une leçon et s’améliorer.
Or, l’huile, en plus de nous parler de notre chemin spirituel, par le processus de son extraction et purification, nous dit aussi comment l’esprit peut pénétrer en nous profondément. En effet, nous savons comment l’huile pénètre profondément notre peau, comment elle adoucit, fortifie, réchauffe. L’eau n’arrive pas à pénétrer la pierre, mais la goutte d’huile marquera la pierre qu’elle a touché en pénétrant profondément en elle.
Ainsi, l’huile est le signe visible de la grâce, de l’Esprit d’amour de Dieu qui pénètre l’être humain, en lui transmettant la sagesse, le discernement, le conseil, le force, la connaissance, la crainte et la contemplation du Seigneur. C’est l’élément que Dieu a choisi pour nous signifier son choix et sa volonté de s’associer à l’être humain pour apporter lumière et secours au monde. C’est le sens des sacrements de l’ordre et de la confirmation. Les évêques, successeurs des apôtres, par les mots de bénédiction prononcés sur l’huile, expriment la volonté et la promesse divine d’accompagner, d’assister, d’habiter, de remplir sa créature de sa présence d’amour pour la rendre capable d’accomplir sa mission d’être lumière du monde. Il y a donc trois types de mission par laquelle l’amour du Christ pour ses créatures se multiplie à travers les êtres humains qu’il a appelés à un être un reflet de sa lumière et de sa miséricorde pour tout être humain, trois sacrements dont l’huile est la matière qui rend visible et efficace l’action de Dieu dans le fidèle qui invoque son secours et sa grâce.
Le mot sacrement vient du mot « sacré » et ce qui est sacré est porteur de la présence divine. Or, par le sacrement une alliance est scellée entre Dieu et sa créature. Le croyant devient enfant de lumière, c’est-à-dire porteur de la lumière divine, assisté par l’esprit d’amour de Dieu il répandra cet amour par la même sagesse, discernement, conseil, force, connaissance, crainte et contemplation du Seigneur, dans lesquels se déploie l’amour de Dieu. Le fidèle reçoit donc une onction pour indiquer que l’Esprit de Dieu pénètre en lui, l’affermit et l’assiste. Trois sacrements expriment, donc, le secours et la présence divine par l’huile qui devient image visible de l’œuvre et de la présence de l’Esprit divin.
1. Le premier est le sacrement de l’ordre par lequel un évêque ou un prêtre est ordonné à sa mission, c’est-à-dire qu’un ministère lui est confié et qu’il recevra un assistance divine pour l’accomplir. C’est d’abord l’évêque, successeur des apôtres, qui reçoit de la part d’un autre évêque l’onction sur la tête pour guider les fidèles dans la compréhension et la mise en pratique de la foi. L’onction d’huile sur la tête est précédée par l’imposition des mains des autres évêques sur celui qui va être ordonné. L’imposition des mains sur la tête exprime aussi la volonté de transmettre l’Esprit.
Ensuite, le sacrement de l’ordre est conféré aussi à celui qui va devenir prêtre et qui reçoit l’onction de la part de l’évêque. Il la reçoit sur les mains car c’est en imposant les mains sur le pain et le vin qu’il les consacrera par l’Esprit de Dieu et aussi par l’imposition des mains, il transmettra l’Esprit à celui qui en demandant le pardon de ses fautes sera réconcilié et rempli de l’Esprit d’amour de Dieu.
2. La confirmation. Le baptisé qui se relie à la source de vie divine avec l’élément de l’eau qui est versée sur la tête, reconnaît par là que toute vie vient de Dieu et s’engage donc à la respecter et la servir en tout être humain. C’est pour cela qu’il demandera aussi à être fortifié par l’onction qui lui transmet les dons de l’Esprit afin de pouvoir être un reflet de la miséricorde divine en ce monde. Tout baptisé revêt le Christ, revêt sa mission de prêtre, prophète et roi, c’est-à-dire qu’il intercèdera pour son prochain en l’assistant, en lui communiquant la parole et la sagesse divine et en étant témoin de la victoire du Christ sur le mal par l’exemple de sa propre vie. Pour cela si l’on a reçu le baptême lorsqu’on est enfant, on demandera encore le secours divin par l’onction de l’Esprit Saint, afin que la vie d’adulte soit cohérente avec la foi et la mission qu’on se propose de vivre. On demandera alors, en tant qu’adulte d’être confirmé, affermi, assisté par l’Esprit Saint et l’on recevra encore une foi l’onction qu’on avait reçu au baptême, mais cette foi pour rendre cohérente notre vie d’adulte avec la foi reçue au baptême et maintenant mûrie et assumée. On demande la grâce et la force de l’Esprit Saint pour être des témoins du Christ, de la vie du Royaume, où tous ensemble nous formons un peuple de frères.
3. L’onction des malades. Une autre étape importante de la vie dans laquelle le secours de l’Esprit Saint de Dieu nous est transmis et signifié par l’onction d’huile est l’épreuve de la maladie. En effet, lorsqu’on est affaiblis par la maladie, c’est tout notre esprit qui a besoin du secours divin pour être témoins du Christ dans la faiblesse. Non seulement, en effet, il se peut que nous ayons besoin de réconfort, encouragement pour nous mêmes, mais aussi d’être fortifiés en vue du témoignage d’espoir, de confiance dans le Seigneur et en sa vie éternelle auprès de notre prochain. Ensuite, il se peut aussi que l’esprit du malade ainsi fortifié recouvre la santé ou bien endure avec patience et confiance l’épreuve de la maladie.
Rappelons-nous que le nom du Christ, en grec signifie celui qui a reçu l’onction, c’est-à-dire celui que Dieu a choisi et à qui Dieu a confié une mission. Or, la plénitude de l’Esprit Saint habite dans le Christ, son esprit, sa vie, sont expression de l’Esprit de Dieu, son amour est l’amour divin qui se manifeste en sa personne et par ses oeuvres aux hommes. Ce n’est pas un homme qui a été conduit par l’Esprit à la perfection, c’est la plénitude de l’Esprit qui procède du Père et du Fils de Dieu qui a donné vie à l’enfant Jésus dans le sein de sa mère Marie, permettant ainsi à Dieu d’assumer la nature humaine, tout en demeurant dans la plénitude de l’amour divin. Le terme Christ est la traduction exacte du mot hébreu mashiyaḥ, qu’on traduit par le mot Messie, qui veut dire exactement celui qui est oint, oint de l’onction divine, rempli de l’Esprit Saint. Jésus lui-même lira les paroles du prophète Isaïe qui annoncent sa venue et son oeuvre: « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » (Luc 4, 18-19). C’est toujours du Messie, de l’oint du Seigneur que parlait Isaïe, en énumérant les dons de l’Esprit Saint: « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance, de contemplation du Seigneur, qui lui inspirera la contemplation du Seigneur. » (Isaïe 11, 2-3).
La Semaine Sainte :
Le Temple de l’Esprit Saint

Christ image du Père, tient la flammes de l’Esprit Saint. Mosaïque de Saint-Apollinaire-le-neuf, Ravenne (VI siècle). Même si à première vue c’est le Christ qui nous apparaît sur le trône, nous avons ici une image de la Trinité. En effet, le Christ est image du Père: lui-même dit aux disciples: « Celui qui m’a vu a vu le Père. » (Jean 14, 9). Il est assis sur un coussin de feu, image de l’Esprit Saint qu’il tient aussi dans sa main en forme de flamme. C’est l’Esprit d’amour qui unit le Père et le Fils.
Au cours de la Semaine Sainte, Jésus sortant du Temple, ayant affronté les hostilités des experts des Ecritures et d’autres autorités religieuses, annonce la caducité de tout ce faste et de cette hypocrisie qui détournait la religion et la prière en vue d’un avantage personnel.
« Jésus était sorti du Temple et s’en allait, lorsque ses disciples s’approchèrent pour lui faire remarquer les constructions du Temple. Alors, prenant la parole, il leur dit : « Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? Amen, je vous le dis : il ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit. » (Matthieu 24, 1-2)
Après avoir dit cela, Jésus annonce aussi aux apôtres des temps terribles où ils auront à subir des persécutions, mais également il leur parle de sa victoire sur le mal. Bien évidemment son Royaume n’est pas un royaume terrestre, c’est dans l’esprit de chacun que cette victoire s’exerce. Il vient et il viendra établir sa paix et son amour dans le coeur de ses enfants, ayant lui même montré au monde par sa resurrection que le mal et la mort n’auront aucune prise sur lui. Ainsi, il annonce aux apôtres que cette victoire sur le mal est offerte à tout être humain qui aura poursuivi l’amour plutôt que la haine, la vengeance, le profit, aux dépend des autres.
Déjà au début de sa prédication dans le Temple, lors de sa première visite avec les apôtres à Jérusalem, l’évangéliste saint Jean nous rapporte l’échange suivant:
« Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.» (Jean 2, 19-21).
C’est en effet, en offrant son propre corps, sa propre vie en preuve de son amour, que son esprit n’a pas cédé à la vengeance, à la haine, le mal n’a eu aucun pouvoir sur lui, au contraire, cela a ouvert un chemin d’espérance à l’humanité car l’apparente défaite s’est transformée en victoire. Le mal a montré son visage et des milliers de personnes ont pu contempler le visage d’amour de Dieu, elles y ont trouvé la paix, elles en ont partagé la victoire.
C’est cela qu’annonçait déjà des siècles auparavant le prophète Ezekiel en nous rapportant sa vision de la Maison de Dieu, du Temple de Dieu : « L’homme me fit revenir à l’entrée de la Maison, et voici : sous le seuil de la Maison, de l’eau jaillissait vers l’orient, puisque la façade de la Maison était du côté de l’orient. L’eau descendait de dessous le côté droit de la Maison, au sud de l’autel. » (Ezekiel 47, 1). Et la vision continue dans la description de ce ruisseau qui, au fur et à mesure qu’il coulait de la montagne devenait un fleuve toujours plus grand, jusqu’à devenir infranchissable. Et le long de ses rivages, les arbres portaient des fruit en tout temps, ils ne perdaient pas leur feuilles et les poissons dans ses eaux se multipliaient en grand nombre. Et à la fin, le fleuve se jetait dans la mer morte, la mer d’eau salée où aucune vie n’est possible, et l’eau douce de ce fleuve en assainissait les eaux.
Bien sûr, ici aussi, il s’agit du corps du Christ, qui, transpercé sur son côté droit sur la croix, a laissé couler l’eau et le sang. Le Christ avait annoncé que de son sein couleraient les fleuves d’eau vive dont parlait aussi le prophète Isaïe. C’est à sa suite que les poissons, les disciples, les croyants se sont multipliés, qu’ils ont porté du fruit en abondance et que là où il y avait la mort dans le coeur, l’humanité a pu retrouver la vie, l’amour, l’espérance et la dignité d’enfants de Dieu, d’enfants de lumière. Le mal a révélé son visage en condamnant l’innocent et est devenu hideux, alors qu’auparavant il séduisait l’humanité. Jésus annonce cela aux disciples dans la suite de son discours sur le Temple, il parle longuement de ceux qui essaient de séduire l’humanité par des paroles trompeuses, tout cela sera démasqué, révélé et les puissances tomberont comme les étoiles du ciel, comme des fausses étoiles qui avaient trompé les gens par leur apparence.
Nous voyons donc dans la mosaïque de l’église de Saint-Apollinaire-le-neuf de Ravenne, le Christ qui nous révèle le visage d’amour du Père qui tient dans la mains la flamme de cet amour qui va embraser l’univers et le faire resplendir de sa gloire et son trône sont les flammes de feu de son Esprit, l’Esprit d’amour de Dieu.
Cet Esprit d’amour de Dieu, est aussi l’Esprit qui donne vie à chacun de nous et une fois que nous pouvons l’accueillir dans et par la pleine confiance filiale, il fait sa demeure en nous, comme Jésus lui-même nous dit:
« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon Trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai siégé avec mon Père sur son Trône. » (Apocalypse 3, 20-21).
Il s’agit bien de ce repas dans lequel c’est la présence du Christ lui-même que nous accueillons en nous, comme une vraie nourriture, son esprit d’amour demeure en nous et l’apôtre saint Paul peut affirmer : « Votre corps est le Temple de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. » (1Corinthiens 6,19).
Phrase du Notre Père :
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel

La croix, salut du monde. Mosaïque de Saint-Apollinaire-en-Classe, Ravenne (VI siècle). En annonçant sa mort sur la croix, Jésus dit: « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié » (Jean 12, 23) et pourtant il allait être crucifié. Cela signifie que c’est justement sur la croix, dans l’abaissement et l’humiliation, que Jésus va montrer au monde la gloire de Dieu, sa toute-puissance. En effet, là où Dieu est tout-puissant c’est dans sa puissance infinie de pardonner, c’est dans sa miséricorde que se révèle toute sa grandeur. Ainsi, Jésus sur la croix va nous révéler le visage de miséricorde de Dieu qui pardonne ses enfants égarés qui sont en train de condamner un innocent, pour préserver leurs intérêts.
Cette phrase du Notre Père nous révèle une tension entre la terre et le ciel, entre nos visées terrestres qui tendent à assurer et préserver notre vie sur terre et la dimension spirituelle et éternelle. En effet, abandonner nos certitudes matérielles, peut être nécessaire si elles nous mettent en contradiction avec l’amour de Dieu et de notre prochain. Assurer notre vie aux dépens des autres coupe notre lien fraternel, amical et en même temps nous sépare du seul lien qui est éternel, l’amour. En effet, ce que la passion et résurrection de Jésus nous révèlent est que l’amour est vainqueur de la mort, du mal. Il faudra pour cela être fidèles à l’amour jusqu’au bout si nous sommes mis à l’épreuve. Cette épreuve vient de l’obstination des êtres humains, de leur difficulté à croire à un amour si grand, gratuit, capable de préférer le bonheur de l’autre au sien propre. Voici, donc, que Jésus sera mis à l’épreuve, non pas par la volonté d’un Père qui ne croirait pas à l’amour sincère et profond de son fils, mais par l’attachement égoïste des êtres humains à leur biens terrestres dans lesquels ils mettent tout leur espoir de survie. Ainsi, la volonté du Père sera d’aller jusqu’au bout de l’amour, si cela est le seul moyen d’ouvrir une lumière d’espoir dans les cœurs enténébrés des êtres humains. Des cœurs devenus durs comme pierre, sur lesquels Dieu va verser une huile parfumée pour les adoucir, pour donner à l’humanité un cœur de chair. Ainsi, Jésus sait très bien qu’aller jusqu’au bout de l’amour sera la seule voie pour montrer à l’humanité que cet amour est sa seule richesse, sa source de vie éternelle. Le témoignage des apôtres à propos de la résurrection du Christ sera lui aussi fondamental, eux aussi iront jusqu’à donner leur vie pour nous transmettre ce témoignage et tant de chrétiens après eux feront de même.
« Moi et le Père nous sommes uns » (Jean 10, 30), nous dit Jésus, « en effet, si [le Père] fait quelque chose, cela le Fils le fait également » (Jean 5, 19) et de même « je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. » (Jean 6, 38). Ainsi Jésus va montrer à l’humanité jusqu’à quel point Dieu aime ses enfants. Et c’est Jésus lui-même qui est rempli de la plénitude de cet amour divin, lui qui est Dieu ne peut vouloir et désirer rien d’autre, aucune contradiction possible entre son amour et celui que le Père a pour nous. Alors, comment comprendre qu’au moment de se livrer, d’offrir sa vie, il dise: « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Luc 22, 42) ? Cela nous montre bien que Jésus est aussi pleinement homme et qu’il a accepté cette condition de faiblesse et de souffrance, cependant à quel prix ? Combien cela lui coûte, à lui aussi, de voir le refus, l’hostilité de ses enfants, combien ça lui coûtera de souffrir la passion. Jusqu’au sang, nous dit l’évangile : « Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. » (Luc 22, 44). Cependant, s’il y avait eu un autre moyen de révéler aux hommes l’immensité de l’amour de Dieu, l’immensité de sa gloire, bien entendu il l’aurait préféré. Mais, il fera pleinement confiance au Père, que celui-là est le seul chemin possible pour nous montrer le plus grand amour. Déjà, au cours du dernier repas, il avait dit: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15, 13) et aussi: « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean 12, 24). Jésus sait cela très bien, il connaît cela depuis toujours, tous les prophètes l’avaient annoncé et lui aussi plusieurs fois a annoncé sa mort imminente aux apôtres. Cependant c’est un chemin douloureux et par là il nous montre combien il est important pour l’être humain de faire confiance à celui qui nous a donné la vie et nous la redonnera après la mort. C’est la foi d’Abraham, lui aussi a cru qu’ayant reçu miraculeusement la vie de son fils de la part de Dieu, celui-ci aurait pu la lui redonner par delà la mort. (Romains 4, 17-18). Jésus nous montre ainsi le chemin de la confiance, de la prière, de la victoire sur le mal et sur la mort, il fait de nous des enfants de la lumière contre lesquels les ténèbres n’auront aucun pouvoir. Il sera ainsi possible, en remettant sa vie avec confiance dans les mains du Père d’être soutenu, fortifié par celui-ci et par ses anges, tout comme pour Jésus. Cela aussi nous est révélé par les actes de tant de martyrs qui auront offert leur vie pour manifester la gloire de Dieu.
Ainsi, la volonté de Dieu se fait sur la terre comme au ciel, lorsqu’en notre cœur règne un amour inconditionnel pour tous les êtres humains, même pour ses ennemis, alors le Royaume de Dieu est dans notre cœur, invincible lumière à laquelle les ténèbres ne peuvent résister. Ce geste de confiance que Jésus nous montre n’est pas seulement nécessaire au moment d’offrir sa vie en témoignage, mais aussi dans notre vie quotidienne, aussi dans les petites choses nous pouvons être fidèles à l’amour, choisir l’amour parfois au dépens de notre intérêt matériel. C’est cela être martyrs car ce mot en grec signifie simplement « témoin ».
Voici les récits de l’agonie de Jésus au jardin de Ghetsemani, le jardin des oliviers où l’esprit et la vie de Dieu allaient être pressés pour conduire l’humanité à être lumière du monde, enfants de lumière, pour devenir l’huile qui apporte la bonne odeur du Christ au monde, car l’huile, peut aussi faire pénétrer en nous le parfum de l’amour de Dieu.
Ce moment de la vie du Christ est tellement fondamental pour nous guider, pour nous faire entrer dans la vie éternelle dès maintenant, que chaque évangéliste le rapporte. Saint Jean retient les mots de Jésus lors du repas qui annonçaient cette heure difficile:
« Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir. » (Jean 12, 23-33)
Saint Matthieu nous donne les détails de cette nuit au Jardin des Oliviers et saint Marc les rapporte aussi:
« Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier. » Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. » Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Les laissant, de nouveau il s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles. Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. » (Matthieu 26, 36-46)
Enfin saint Luc, toujours attentif à la dimension humaine du Christ, nous rapporte jusqu’à quel point il souffrit:
« Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse. » (Luc 22, 39-45).

Détail du visage du Christ. Mosaïque de Saint-Apollinaire-en-Classe, Ravenne (VI siècle). Le visage du Chirst sur la croix nous dit qu’il est vivant et nous révèle aussi le vrai visage du Père, miséricordieux et victorieux du mal et de la mort par la surabondance de son amour. La lumière a vaincu les ténébres.